Le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat a été créé en 1988 afin de suivre, d’étudier et de communiquer autour des changements climatiques sur notre planète.
Le GIEC compte trois groupes de travail:
- le Groupe de travail I se charge des éléments scientifiques de l’évolution du climat,
- le Groupe de travail II des conséquences, de l’adaptation et de la vulnérabilité,
- le Groupe de travail III qui s’occupe de l’atténuation du changement climatique.
Il compte également une équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre qui élabore des méthodes afin de mesurer les émissions et les éliminations de gaz à effet de serre.
Cette instance a déjà publié 5 rapports afin de présenter l’évolution du climat sur notre planète et la part de responsabilité de la population dans cette transition.
Le 20 mars 2023, le GIEC a publié la synthèse du 6ème rapport. Ce document synthétise les rapports des trois groupes de travail sur les éléments physiques du climat, l’adaptation et l’atténuation.
Le rapport du Groupe de travail III fournit une évaluation mondiale actualisée des progrès et des engagements en matière d’atténuation du changement climatique, et examine les sources d’émissions mondiales. Il explique l’évolution des efforts de réduction et d’atténuation des émissions, en évaluant l’impact des engagements climatiques nationaux par rapport aux objectifs démissions à long terme.
Vous pouvez télécharger le rapport sur le site ipcc.ch. (les documents sont actuellement en anglais) . Si vous souhaitez uniquement consulter le résumé à l’attention des dirigeants et décideurs (36 pages) il suffit de cliquer sur l’image en dessous:

*IPCC, 2022: Climate Change 2022: Impacts, Adaptation, and Vulnerability. Contribution of Working Group II to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [H.-O. Pörtner, D.C. Roberts, M. Tignor, E.S. Poloczanska, K. Mintenbeck, A. Alegría, M. Craig, S. Langsdorf, S. Löschke, V. Möller, A. Okem, B. Rama (eds.)]. Cambridge University Press. In Press.
Résumé du rapport pour chaque thématique : [1]
A-1-Réchauffement observé et ses causes
Les activités humaines, principalement par le biais des émissions de gaz à effet de serre, ont sans équivoque causé le réchauffement climatique, avec une température de surface mondiale atteignant 1,1 °C au-dessus de 1850-1900 en 2011-2020.
Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter, avec des contributions historiques et actuelles inégales résultant de l’utilisation non durable de l’énergie, de l’utilisation des terres et du changement d’affectation des terres, des modes de vie et des modes de consommation et de production entre les régions, entre les pays et au sein des pays, et entre les individus.
A-2-Changements et impacts observés
Des changements étendus et rapides dans l’atmosphère, l’océan, la cryosphère et la biosphère se sont produits. Le changement climatique d’origine humaine affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde.
Cela a entraîné des impacts négatifs généralisés et des pertes et dommages connexes pour la nature et les personnes. Les communautés vulnérables qui ont historiquement le moins contribué au changement climatique actuel sont touchées de manière disproportionnée.
A-3-Progrès actuels en matière d’adaptation, lacunes et défis
Les politiques et les lois relatives à l’atténuation se sont constamment développées depuis le RE5. Les émissions mondiales de GES en 2030 décidés par les contributions déterminées au niveau national (CDN) annoncées en octobre 2021 rendent probable que le réchauffement dépasse 1,5 °C au cours du 21e siècle et rend plus difficile la limitation du réchauffement en dessous de 2 °C.
Il existe des écarts entre les émissions projetées des politiques mises en œuvre et celles des CDN. Les flux financiers sont inférieurs aux niveaux nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques dans tous les secteurs et toutes les régions.
B-1-Changement climatique futur
La poursuite des émissions de gaz à effet de serre entraînera une augmentation du réchauffement climatique. La meilleure estimation étant d’atteindre 1,5 °C à court terme dans les scénarios envisagés et les trajectoires modélisées. Chaque augmentation du réchauffement climatique intensifiera les risques multiples et simultanés.
Des réductions profondes, rapides et durables des émissions de gaz à effet de serre conduiraient à un ralentissement perceptible du réchauffement climatique d’ici environ deux décennies, ainsi qu’à des changements perceptibles de la composition atmosphérique en quelques années.
B-2-Impacts du changement climatique et les risques liés au climat
Pour tous les niveaux de réchauffement futur annoncé, de nombreux risques liés au climat sont plus élevés que ceux évalués dans le RE5, et les impacts à long terme projetés sont jusqu’à plusieurs fois plus élevés que ceux actuellement observés.
Les risques et les impacts négatifs projetés ainsi que les pertes et les dommages liés au changement climatique s’intensifient à chaque augmentation du réchauffement climatique. Les risques climatiques et non climatiques vont de plus en plus interagir, créant des risques composés et en cascade qui sont plus complexes et difficiles à gérer.
B-3-Probabilité et risques de changements inévitables, irréversibles ou brusques
Certains changements futurs sont inévitables et/ou irréversibles mais peuvent être limités par une réduction profonde, rapide et soutenue des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La probabilité de changements brusques et/ou irréversibles augmente avec des niveaux de réchauffement planétaire plus élevés. De même, la probabilité de résultats à faible probabilité associés à des impacts négatifs potentiellement très importants augmente avec des niveaux de réchauffement planétaire plus élevés.
B-4-Options d’adaptation et leurs limites dans un monde plus chaud
Les options d’adaptation qui sont réalisables et efficaces aujourd’hui deviendront limitées et moins efficaces avec l’augmentation du réchauffement climatique. Avec l’augmentation du réchauffement climatique, les pertes et les dommages augmenteront et d’autres systèmes humains et naturels atteindront leurs limites d’adaptation. La mauvaise adaptation peut être évitée par une planification et une mise en œuvre flexibles, multisectorielles, inclusives et à long terme d’actions d’adaptation, avec des co-bénéfices pour de nombreux secteurs et systèmes.
B-5-Marché du Carbone et le zéro émission
Limiter le réchauffement climatique causé par l’homme nécessite des émissions nettes de CO2 nulles. Les émissions de carbone cumulées jusqu’au moment où les émissions nettes de CO2 seront nulles et le niveau de réduction des émissions de gaz à effet de serre au cours de cette décennie déterminent en grande partie si le réchauffement peut être limité à 1,5 °C ou 2 °C (degré de confiance élevé). Les émissions de CO2 projetées des infrastructures de combustibles fossiles existantes sans réduction supplémentaire dépasseraient le marché carbone restant de 1,5 °C (50 %)
B-6-Voies d’atténuation
Toutes les trajectoires mondiales modélisées qui limitent le réchauffement à 1,5 °C (> 50 %) sans dépassement ou avec un dépassement limité, et celles qui limitent le réchauffement à 2 °C (> 67 %), impliquent des réductions des émissions de gaz à effet de serre rapides et profonds et, dans la plupart des cas, immédiats dans tous les secteurs au cours de cette décennie.
B-7-Dépassement du niveau de réchauffement et retour
Si le réchauffement dépasse un niveau spécifié tel que 1,5 °C, il pourrait être progressivement réduit à nouveau en atteignant et en maintenant des émissions globales négatives nettes de CO2. Cela nécessiterait un effort supplémentaire de l’élimination du dioxyde de carbone, par rapport aux voies sans dépassement, ce qui entraînerait de plus grandes préoccupations en matière de faisabilité et de durabilité. Le dépassement entraîne des impacts négatifs, certains irréversibles, et des risques supplémentaires pour les systèmes humains et naturels, qui augmentent tous avec l’ampleur et la durée du dépassement.
C-1-Urgence d’une action climatique intégrée à court terme
Le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé planétaire. Il existe une fenêtre d’opportunité qui se referme rapidement pour assurer un avenir viable et durable pour tous. Le développement résilient au climat intègre l’adaptation et l’atténuation pour faire progresser le développement durable pour tous, et est rendu possible par une coopération internationale accrue, y compris un meilleur accès à des ressources financières adéquates, en particulier pour les régions, secteurs et groupes vulnérables, et une gouvernance inclusive et des politiques coordonnées. Les choix et les actions mis en œuvre dans cette décennie auront des impacts maintenant et pour des milliers d’années
C-2-Les avantages de l’action à court terme
Une atténuation profonde, rapide, soutenue et une mise en œuvre accélérée des mesures d’adaptation au cours de cette décennie réduiraient les pertes et les dommages prévus pour les humains et les écosystèmes et offriraient de nombreux avantages connexes, en particulier pour la qualité de l’air et la santé.
Des mesures d’atténuation et d’adaptation retardées bloqueraient les infrastructures à fortes émissions, augmenteraient les risques d’actifs bloqués et d’escalade des coûts, réduiraient la faisabilité et augmenteraient les pertes et les dommages. Les actions à court terme impliquent des investissements initiaux élevés et des changements potentiellement perturbateurs qui peuvent être atténués par une série de politiques adaptés.
C-3-options d’atténuation et d’adaptation à travers les systèmes
Des transitions rapides et profondes dans tous les secteurs et systèmes sont nécessaires pour parvenir à des réductions d’émissions profondes et durables et assurer un avenir viable et durable pour tous. Ces transitions de système impliquent une mise à l’échelle significative d’un large portefeuille d’options d’atténuation et d’adaptation. Des options d’atténuation et d’adaptation réalisables, efficaces et peu coûteuses sont déjà disponibles, avec des différences entre les systèmes et les régions
C-4-Synergies et arbitrages pour le développement durable
Une action accélérée et équitable pour atténuer les impacts du changement climatique et s’y adapter est essentielle au développement durable. Les actions d’atténuation et d’adaptation ont plus de synergies que de compromis vis-à-vis des objectifs de développement durable. Les synergies et les compromis dépendent du contexte et de l’échelle de mise en œuvre.
C-5-Équité et inclusion
Donner la priorité aux processus d’équité, de justice climatique, de justice sociale, d’inclusion et de transition juste peut permettre des actions d’adaptation et d’atténuation ambitieuses et un développement résilient au changement climatique. Les résultats de l’adaptation sont améliorés par un soutien accru aux régions et aux personnes les plus vulnérables aux aléas climatiques.
L’intégration de l’adaptation climatique dans les programmes de protection sociale améliore la résilience. De nombreuses options sont disponibles pour réduire la consommation à forte intensité d’émissions, y compris par des changements de comportement et de mode de vie, avec des co-avantages pour le bien-être de la société
C-6-Gouvernance et politiques
Une action climatique efficace est rendue possible par un engagement politique, une gouvernance à plusieurs niveaux bien alignée, des cadres institutionnels, des lois, des politiques et des stratégies et un meilleur accès au financement et à la technologie. Des objectifs clairs, une coordination entre plusieurs domaines politiques et des processus de gouvernance inclusifs facilitent une action climatique efficace.
Les instruments réglementaires et économiques peuvent soutenir des réductions importantes des émissions et la résilience climatique s’ils sont étendus et appliqués à grande échelle. Le développement résilient au changement climatique bénéficie de l’utilisation de diverses connaissances.
C-7-Finance, technologie et coopération internationale
Le financement, la technologie et la coopération internationale sont des catalyseurs essentiels pour une action climatique accélérée. Si les objectifs climatiques doivent être atteints, le financement de l’adaptation et de l’atténuation devrait être multiplié.
Il existe suffisamment de capitaux mondiaux pour combler les déficits d’investissement mondiaux, mais il existe des obstacles à la réorientation des capitaux vers l’action climatique. L’amélioration des systèmes d’innovation technologique est essentielle pour accélérer l’adoption généralisée des technologies et des pratiques. Le renforcement de la coopération internationale est possible par de multiples canaux.
Vous pouvez retrouver une synthèse traduite, illustrée et vulgarisé par le shifproject à cette adresse