Je vous propose ci-dessous un extrait du 6ème tome de « La méthode » d’Edgar Morin.
Cet extrait expose les clefs pour travailler sa manière de penser afin d’appréhender le monde en liant le savoir et le devoir.
Nous devons tendre vers une éthique de la pensée. C’est un pilier déterminant pour ne pas dissocier l’individu de la société et de son espèce dans un monde de plus en plus en changeant et interconnecté.
Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il faut nous relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travailler donc à bien penser: Voilà le principe de la morale. – Pensées, Blaise Pascal, 1670
Il est difficile d’aborder les problématiques environnementales, sociales et économiques de notre ère sans reconnaître la complexité de l’humain et de la vie. Faire l’effort d’appliquer ces concepts, c’est éclairer le principe de conscience morale avec le principe de conscience intellectuelle dans l’optique d’inscrire l’éthique à l’échelle planétaire.
Le « travail à bien penser » :
- relie,
- décloisonne les connaissances,
- abandonne le point de vue mutilé qui est celui des disciplines séparées et cherche une connaissance polydisciplinaire ou transdisciplinaire,
- comporte une méthode pour traiter les complexités,
- obéit à un principe qui enjoint à la fois de distinguer et de relier,
- reconnaît la multiplicité dans l’unité, l’unité dans la multiplicité,
- dépasse le réductionnisme et le holisme en liant,
- reconnaît les contextes et les complexes et permet donc d’inscrire l’action morale dans l’écologie de l’action,
- inscrit le présent dans la relation circulaire (passé – présent – futur),
- n’oublie pas l’urgence de l’essentiel,
- intègre le calcul et la quantification parmi ses moyens de connaissance,
- conçoit une rationalité ouverte,
- reconnaît et affronte incertitudes et contradictions,
- conçoit la dialogique qui intègre et dépasse la logique classique,
- conçoit l’autonomie, l’individu, la notion de sujet, la conscience humaine,
- opère ses diagnostics en tenant compte du contexte et de la relation local-global,
- s’efforce de concevoir les solidarités entre les éléments d’un tout […],
- reconnaît les puissances d’aveuglement ou d’illusion de l’esprit humain […] , [1]
[1] E. Morin, La Méthode tome 6 – Ethique. Paris : Le Seuil, 2004