Énergie, Nouvelles technologies

Vers la fin des voitures thermiques en Europe

Quel est le point commun entre Étienne Lenoir, Alphonse Eugène Beau, Nikolaus Otto et Carl Benz?

Ils ont tous participé au développement et à l’émergence du moteur à combustion avec comme point d’orgue le déploiement des véhicules à moteur à essence il y a plus d’un siècle.

Karl Benz et son épouse Bertha Benz en 1894 sur une Benz Victoria (première automobile à moteur à essence de série)

Malheureusement pour ces pionniers emblématiques les temps changent et le monde évolue. L’Union Européenne envisage de transformer l’industrie automobile durant les 15 prochaines années.

En effet, la proposition de règlement présentée le 14 juillet prévoit de réduire à zéro les émissions de C02 des véhicules neufs dans l’Union européenne à partir de 2035. De ce fait, par le biais des nouvelles normes environnementales à venir, l’Union Européenne souhaite donc à terme l’arrêt des ventes de véhicules à moteurs thermiques. (y compris les hybrides et hybrides rechargeables)

« Une douzaine de grands constructeurs en Allemagne et en Europe ont déjà annoncé une transformation de leur flotte vers des véhicules exclusivement zéro émission entre 2028 et 2035 », a souligné la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen

La proposition de la Commission européenne est en cours de négociation par le Parlement Européen pendant encore plus d’un an. Elle fera surement l’objet de certains ajustements avant son application.

Cependant, la tendance générale ne changera pas. En 2016, les transports étaient responsables de près de 30 % des émissions totales de C02 de l’Union européenne et parmi cette part 72 % sont liés à l’utilisation des transports routiers. (en comparaison l’avion civile représente 13,4 % des émissions). Si l’Union Européenne veut tendre vers le « zéro émission » elle devra forcément s’attarder sur l’utilisation des véhicules thermiques.

Évolution des émissions de C02 par secteur dans l’Union Européenne de 1990 à 2016 – Source: Agence européenne pour l’environnement

De toute évidence, nous allons nous engager dans un changement de stratégie de mobilité massif. C’est un virage radical pour notre conception des transports car l’ensemble des écueils qui accompagnent le déploiement et l’usage des véhicules électriques (seule alternative actuellement envisagée pour réaliser la transition) vont représenter les prochaines contraintes techniques et sociétales à surmonter si nous voulons tendre vers une mobilité totale et vertueuse.

La liste ci-après reprend justement quelques exemples de sujets à aborder et à maîtriser concernant l’usage futur des véhicules électriques:

  • Notre maillage industriel et technologique est-il suffisant pour maîtriser la chaine de production et ne pas être dépendant des autres pays? Quelle sera la stabilité de nos constructeurs automobiles historiques une fois la transition engagée? En effet, leur modèle est actuellement basé sur plus de 100 ans d’expérience, cette transformation va demander quasiment une remise à zéro du savoir faire. Nos constructeurs vont aussi faire face à des concurrents mondiaux qui ne seront pas soumis aux contraintes européenne.
  • L’approvisionnement en métaux rare sera-t-il suffisant et respectueux des normes sociales et environnementales? Ils sont déjà indispensables pour les véhicules thermiques et cette dépendance va s’accentuer avec cette transition.
  • Par quel biais allons-nous pérenniser et démocratiser l’accès à ces véhicules pour l’ensemble de la population qui sont actuellement plus coûteux que des véhicules thermiques ?
  • Le maillage de bornes de recharge en Europe sera t-il complet et fiable pour couvrir les besoins des utilisateurs?
  • Quelle source d’énergie propre va être utilisée pour alimenter les bornes de recharge?
  • Comment va être géré le recyclage à grande échelle des batteries et par quel mécanisme allons nous pouvoir augmenter la durée de vie des véhicules?

Au final, la voiture électrique n’est pas « totalement propre » ou « écologique », à partir du moment où nous utilisons des ressources et de l’énergie pour sa fabrication et son usage il y a un impact sur notre planète. Nous nous trouvons une fois de plus devant un autre exemple de « nœud gordien » que représente la protection de l’environnement alliée à notre existence et nos besoins.

Représentation d’un « nœud gordien » en lien avec les 3 éléments à gérer pour garantir une stratégie de mobilité adaptée aux défis sociétaux du XXIème siècle

Si nous choisissons cette voie, à l’image des ingénieurs et inventeurs du XXème siècle qui ont développé le véhicule thermique, nous devrons faire preuve d’inventivité pour garantir une transition du secteur des transports la plus respectueuse possible de l’environnement et cohérente pour nos besoins futurs.

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