Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté engage la création d’un fonds mondial pour la protection sociale.
Cette idée qui a émergé en 2008 après la crise financière a été relancée suite à la crise du Covid 19. Pour rappel, cette pandémie mondiale aura fait basculer plus de 150 millions de personnes supplémentaires sous le seuil de pauvreté (rappelons que le seuil de pauvreté est fixé à 1,90 dollar par jour). L’objectif est maintenant de fournir une couverture sociale « de la crèche à la tombe » pour les 711 millions de personnes les plus pauvres de la planète, selon l’Organisation Internationale du Travail.
Dans cette optique, l’OIT a voté favorablement pour cette action et le 29 juin la proposition de création de ce fonds a été approuvé par le Conseil des droits de l’homme à l’ONU et par les membres du G20.

La mise en application d’une telle mesure va nécessiter l’implication des pays bénéficiaires. En effet, pour obtenir des fonds les gouvernements devront mettre en place des plans d’action pertinents et participatifs. L’aide financière de l’ONU va alors progressivement diminuer au rythme du développement des pays. Ce levier sera soumis à un mécanisme de contrôle afin de s’assurer que l’argent est réellement et correctement investit par les pays. Cette aide vient s’intégrer aux mécanismes existants et aux organisations en place dans les pays afin de ne pas alourdir sont déploiement et engendrer des coûts supplémentaires.
Initialement, le coût estimé pour une telle réforme s’élève à 77,9 milliards de dollars (66 milliards d’euros) par an. Ce montant ne représente qu’environ 0,13 % des revenus des pays membres de l’OCDE. À l’inverse, la somme équivaut à 15,9 % du budget des pays à faibles revenus, un montant qui ne peut pas être assumé par ces pays.

Cependant, comme l’explique le rapporteur de l’ONU, cette couverture sociale n’est pas un coût pour les pays mais un investissement car cela va permettre de stabiliser un socle de sécurité sociale universelle garantissant une croissance plus inclusive et égalitaire.

Cette initiative mondiale vise à atteindre trois objectifs:
- renforcer la mobilisation en faveur de l’universalisation de socles de protection sociale et la coordination entre les acteurs concernés et notamment les institutions financières internationales,
- encourager l’allocation de financements supplémentaires permettant aux pays à faibles revenus d’investir davantage dans la protection sociale;
- protéger les pays pauvres, à l’économie faiblement diversifiée, face au risque de chocs à venir, dans un monde de plus en plus incertain.
Nous ne pouvons que saluer cette avancée internationale considérable dans l’optique de rendre applicable l’article 22 de la déclaration des droits de l’homme concernant la mise en place du droit à la sécurité sociale pour tout le monde.