La population mondiale a plus que doublé depuis cinquante ans et devrait encore augmenter jusqu’à 11 milliards d’ici la fin du siècle. Une telle croissance démographique est-elle soutenable ? C’est la question que pose Alternatives économiques dans son édition de mai 2018.

La population humaine connait une croissance exponentielle depuis la fin du XIXème siècle et cela même si le taux de fécondité mondial est passé de 4.5 enfants en 1970 à 2.5 enfants par femme en 2014. Ce phénomène est dû en partie à un recul de la mortalité des jeunes enfants allié à un allongement de l’espérance de vie (amélioration des conditions de vie et de travail ainsi que de la médecine).
Les projections démographiques sont difficiles à établir. D’une part, la problématique liée à la population n’est pas la même en fonction de la zone géographique. Par exemple, la transition démographique est achevée pour les pays développés mais certaines zones comme l’Afrique reste à un taux de natalité très élevé (7.6). Il est difficile de prévoir ces tendances sur le long terme car le taux de fécondité est multifactoriel. D’autre part, des épidémies ou des guerres imprévisibles peuvent dans le futur modifier le nombre d’habitants sur la planète.
Tous les deux ans, l’Organisation des Nations Unies réajuste son étude sur la croissance démographique (World Population Prospects). Le dernier rapport date de 2017. On peut y distinguer trois hypothèses chiffrées (variante basse, moyenne et haute) concernant l’évolution probable de la démographie future.

Si le taux de fécondité reste stable, on dénombrerait 9,7 milliards de personnes en 2050 et 11,2 milliards en 2100. Si par ailleurs le taux diminue de 0.5 la population mondiale serait de 8,7 milliards en 2050 et 7,3 milliards en 2100. Le scénario le plus élevé, quant à lui, fait état d’une population mondiale estimée à 10,8 milliards en 2050 et 16,5 milliards en 2100.
De Malthus (1766-1834) à Dennis Meadows (1942-) en passant par Joseph Schumpeter (1883-1950) la question de la démographie a toujours été étudiée en lien avec l’économie. Aujourd’hui, cette croissance exponentielle fait face à nos défis environnementaux. Dès lors, la question de la soutenabilité de la démographie est légitime. Si l’on suppose que ce rythme n’est pas viable pour notre planète, plusieurs écueils émergent.
Premièrement, devons-nous réguler la population mondiale et si oui, comment? C’est une réflexion inévitable mais lourde de sens. Les politiques autoritaires (Chine en 1970, Inde en 1960) sont intolérables d’un point de vue social, comme le souligne l’analyse d’Alternatives Economiques. Il reste alors les leviers de l’éducation, de l’insertion des femmes sur le marché du travail et l’accès aux moyens de contraception. Cependant, ces méthodes sont complexes à mettre en œuvre (religions, politiques, accès aux soins, histoire des pays…). Deuxièmement, la décroissance démographique engendre à son tour des problèmes. On assistera notamment à une augmentation de la proportion des personnes âgées.
Cette question démographique est un enjeu mondial mais elle nécessite d’être étudiée par zone géographique (l’Europe n’a pas les mêmes problèmes démographiques que l’Afrique par exemple), avec une gouvernance internationale (les difficultés environnementales ont un impact sur l’ensemble de la planète) et une vision systémique des actions entreprises (Une mesure impactant la démographie aura des répercussions sur la société et sur l’économie).
Pour aller plus loin:
– The 2017 Revision of World Population Prospects
– Gilles Ardinat – Démographie mondiale: la question du siècle?
– Sommes-nous trop nombreux? Gilles Boeuf et Hervé Le Bras